Des escarres sont plus rarement
signalées chez les enfants. Les recherches consacrées à ce sujet sont très
peu nombreuses.
Dans une étude menée auprès de 39.874
patients hospitalisés, Barczak e.a. (1) rapportent que 1% des enfants
souffraient d'escarres. Au Pays-Bas, la mesure nationale de la prévalence a
relevé que 8,1% des enfants hospitalisés souffraient d'escarres. Dans 184
cas sur 185, il s'agissait d'une rougeur ne disparaissant pas à la pression
(escarre au stade 1) (2). On ignore dans quelle mesure des lésions dues à
l'incontinence ont également été prises en compte.
Bedi (3) signale l'existence d'une
échelle de risque développée exclusivement à l'intention des enfants. Cette
échelle comporte les items suivants: poids, continence, type de peau,
mobilité, appétit, âge, condition générale, risques particuliers, problèmes
neurologiques, interventions chirurgicales et médication. Cette échelle n'a
cependant jamais été testée et n'a pas davantage fait l'objet de recherches.
L'échelle développée par Cockett (4)
est une variante de celle de Bedi, et n'a pas non plus fait l'objet de
recherches.
Huffines et Logsdon (5) ont développé
la Neonatal Skin Risk Assessment Scale (NSRAS), et l'ont testée sur 32
nouveau-nés. Les seuls items prévoyant (quelque peu) l'apparition d'une
escarre étaient l'état physique, l'activité et l'alimentation. Il est à
remarquer que parmi les 32 nouveau-nés observés, 6 d'entre eux (19%) avaient
développé une escarre.
Une échelle de Braden adaptée aux jeunes enfants a été développée par Curley
et al. (416) : l’échelle de Braden Q. La performance de cette échelle serait
équivalente à celle de l’échelle de Braden pour adultes, mais, jusqu’à ce
jour, l’échelle en question n’a pas encore été suffisamment étudiée.
Alors que chez les adultes, c'est au
niveau du sacrum (et éventuellement des talons) que l'on mesure les
pressions les plus élevées, il ressort d'une étude réalisée par Solis e.a.
(6) que chez les enfants en décubitus dorsal, c'est au niveau de l'occiput
que la pression la plus forte est mesurée, et ce quel que soit l'âge de
l'enfant (de 10 semaines à 13,5 ans). La pression subie au niveau du sacrum
s'accroît avec l'âge.
L'apparition d'une escarre au niveau
de l'occiput peut entraîner une alopécie ou une calvitie à cet endroit (7).
Pour les enfants immobilisés ou
gravement malades, il convient d'appliquer les recommandations pour adultes,
tout en prêtant une attention particulière au risque d'escarres au niveau de
l'occiput (mais aussi au niveau des oreilles)
(8). L'utilisation d'un oreiller en mousse viscoélastique et le
changement régulier de la position de la tête sont à envisager.
Conclusions
Chez les enfants, le risque
d'escarres n'est pas très élevé, mais il convient d'être vigilant. Notamment
les enfants gravement malades et les enfants dont les mouvements spontanés
sont très limités courent un risque d'escarres. Les recommandations pour
adultes s'appliquent également aux enfants. Il importe de prêter
particulièrement attention au risque d'escarres au niveau de l'occiput; ce
risque étant plus élevé chez les enfants.
(1) Barczak CA, Barnett RI, Childs EJ, Bosley
LM. Fourth national pressure ulcer prevalence survey. Adv Wound Care
1997; 10(4):18-26. |
(2) Bours GJJW, Halfens RJG, Joosten CMC. Landelijke prevalentie
onderzoek decubitus. Maastricht: Universiteit Maastricht / Stuurgroep
Decubitus, 2000. |
(3) Bedi A. A tool to fill the gap. Developing
a wound risk assessment chart for children. Prof Nurse 1993; 9:112-120. |
(4) Cockett A. Paediatric Pressure Sore Risk
Assessment. Journal of Tissue Viability 1998; 8(1):30. |
(5) Huffines B, Logsdon MC. The Neonatal Skin
Risk Assessment Scale for predicting skin breakdown in neonates. Issues
Compr Pediatr Nurs 1997; 20(2):103-114. |
(6) Solis I, Krouskop T, Trainer N, Marburger
R. Supine interface pressure in children. Arch Phys Med Rehabil 1988;
69:524-526. |
(7) Gershan LA, Esterly NB. Scarring alopecia
in neonates as a consequence of hypoxaemia- hypoperfusion. Arch Dis
Child 1993; 68(5 Spec No):591-593. |
(8) Curley MA, Razmus IS, Roberts KE, Wypij D.
Predicting pressure ulcer risk in pediatric patients: the Braden Q
Scale. Nurs Res 2003; 52(1):22-33. |
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