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pour la prévention des escarres

 

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Synthèse

1

A fin d'évaluer le risque d'escarres chez un patient, il convient de tenir compte de son état nutritionnel.

 

2

Des suppléments nutritionnels ne contribuent pas à une diminution de l'incidence des escarres. [A]

 

1. Fondements scientifiques

Le rôle de l'alimentation et de l'état nutritionnel dans la prévention des escarres est l'objet d'une grande confusion.

Plusieurs études ont établi qu'un mauvais état nutritionnel (ou des facteurs qui y sont liés tels que la stature ou le poids) et une mauvaise absorption des aliments seraient liés à la formation d'escarres (1-9). Breslow et Bergstrom (8) n'ont trouvé aucun lien entre une carence biochimique ou nutritionnelle en zinc, vitamines C, vitamines A ou vitamines E et l'apparition d'escarres.

Un mauvais état nutritionnel ou une absorption déficiente d'aliments sont une des caractéristiques (indicateurs de risque) des patients à risque (9) (10-16). Cela ne signifie pas qu'il existe un lien causal entre l'état nutritionnel et le développement d'escarres. L'existence d'un tel lien n'a jamais été démontrée, et il n'existe aucune base théorique permettant d'avancer cette hypothèse. Les recherches sur le rôle éventuel de certaines vitamines dans l'apparition d'escarres (17) sont encore trop peu nombreuses.

Il est donc permis d'utiliser l'état nutritionnel comme item sur une échelle de risque afin de détecter les patients courant un risque accru d'escarres. Mais cela signifie également qu'un rééquilibrage du régime alimentaire ou l'apport de nutriments supplémentaires ne préviendront pas les escarres ou n'en diminueront pas le nombre. L'existence d'un lien causal n'a pu en effet être démontrée. En revanche, pour ce qui est de la guérison des escarres, on a pu établir l'existence d'un besoin accru en protéines, vitamines, zinc etc…

 L'optimisation de l'état nutritionnel peut avoir son importance dans le cadre de l'amélioration de la condition générale du patient (p.ex. cicatrisation des plaies), mais ne l'est pas directement du point de vue de la prévention des escarres.

Pour évaluer l’état nutritionnel, il y a lieu d’utiliser des instruments valables et fiables. Cette évaluation doit être répétée périodiquement. Il convient d’abord d’équilibrer et d’adapter l’alimentation Normale. Si cela ne suffit pas, c’est seulement alors que l’on peut envisager de prévoir des suppléments nutritifs pour corriger l’état nutritionnel en vue d’améliorer l’état général du patient. Des évaluations de l’état nutritionnel et des interventions visant à optimiser celui-ci ne peuvent jamais remplacer la mise en œuvre de mesures préventives (10).

2. Recommandations

Afin d'évaluer le risque d'escarres chez un patient, il convient de tenir compte de son état nutritionnel.

Les patients dont l'état nutritionnel est médiocre sont exposés à un risque accru d'escarres. Dans ce cas, il convient de prendre des mesures préventives. Evaluez donc régulièrement l’état nutritionnel de chaque patient au moyen d’un instrument validé, développé à cet effet.

Un état nutritionnel médiocre se présente souvent chez les patients qui courent un risque accru d'escarres. Cela ne signifie pas que cet état est à l'origine des escarres. Il est souvent lié à d'autres facteurs, tels qu'une activité réduite et des mouvements spontanés peu nombreux ou une faible réaction à la douleur, facteurs qui ont en revanche une influence sur l'apparition d'escarres.

Des suppléments nutritionnels ne contribuent pas à une diminution de l'incidence des escarres.

Une correction de l'état nutritionnel ne contribuera pas à diminuer l'incidence des escarres. Il est nécessaire de prendre d'autres mesures préventives (efficaces) pour les patients à risque.

Il est évident que des suppléments nutritionnels ont un rôle à jouer dans le traitement des escarres superficielles et surtout des escarres en profondeur, mais cela ne signifie pas qu'on puisse les considérer comme mesures préventives. Une amélioration de l'état nutritionnel peut également avoir son importance dans un autre cadre que celui de la prévention des escarres.

Références

(1)       Pinchcofsky Devin GD, Kaminski MVJ. Correlation of pressure sores and nutritional status. J Am Geriatr Soc 1986; 34:435-440.

(2)       Berlowitz DR, Wilking SV. Risk factors for pressure sores. A comparison of cross-sectional and cohort-derived data. J Am Geriatr Soc 1989; 37(11):1043-1050.

(3)       Bergstrom N, Braden B. A prospective study of pressure sore risk among institutionalized elderly. J Am Geriatr Soc 1992; 40(8):747-758.

(4)       Thomas DR, Verdery RB, Gardner L, Kant A, Lindsay J. A prospective study of outcome from protein-energy malnutrition in nursing home residents. JPEN J Parenter Enteral Nutr 1991; 15(4):400-404.

(5)       Thomas DR. The role of nutrition in prevention and healing of pressure ulcers. Clin Geriatr Med 1997; 13(3):497-511.

(6)       Breslow RA, Hallfrisch J, Guy DG, Crawley B, Goldberg AP. The importance of dietary protein in healing pressure ulcers. J Am Geriatr Soc 1993; 41:357-362.

(7)       Allman RM, Goode PS, Patrick MM, Burst N, Bartolucci AA. Pressure ulcer risk factors among hospitalized patients with activity limitation [see comments]. JAMA 1995; 273(11):865-870.

(8)       Breslow RA, Bergstrom N. Nutritional prediction of pressure ulcers. J Am Diet Assoc 1994; 94(11):1301-1304.

(9)       Houniet H, Mathus-Vliegen E. Nutrition in relation to pressure ulcers. EPUAP, editor.  26-9-1999. Amsterdam, 3th European Pressure Ulcers Advisory Panel Open Meeting.

(10)     Bennett G, Clark M, Schols J, Benati G, Langer G, Jackson P et al. EPUAP GUIDELINES.  On the role of nutrition in pressure ulcer prevention and management. EPUAP Review 5[2], 50-63. 2003.

(11)     Bourdel-Marchasson I, Barateau M, Rondeau V, Dequae-Merchadou L, Salles-Montaudon N, Emeriau JP et al. A multi-center trial of the effects of oral nutritional supplementation in critically ill older inpatients. GAGE Group. Groupe Aquitain Geriatrique d'Evaluation. Nutrition 2000; 16(1):1-5.

(12)     Bourdel-Marchasson I. Nutritional supplementation in elderly people during the course of catabolic illnesses. J Nutr Health Aging 2000; 4(1):28-30.

(13)     Mathus-Vliegen EMH. Nutritional status, nutrition, and pressure ulcers. Nutrition in Clinical Practice 2001; 16:286-291.

(14)     Selvaag E, Bohmer T, Benkestock K. Reduced serum concentrations of riboflavine and ascorbic acid, and blood thiamine pyrophosphate and pyridoxal-5-phosphate in geriatric patients with and without pressure sores. J Nutr Health Aging 2002; 6(1):75-77.

(15)     Thomas DR. Improving outcome of pressure ulcers with nutritional interventions: a review of the evidence. Nutrition 2001; 17(2):121-125.

(16)     Houwing RH, Rozendaal M, Wouters-Wesseling W, Beulens JWJ, Buskens E, Haalboom JR. A randomised, double-blind assessment of the effect of nutritional supplementation on the prevention of pressure ulcers in hip-fracture patients. Clinical Nutrition 2003; 22(4):401-405.

(17)     Houwing R, Jonasse Y, Van Asbeck S, Haalboom JRE. Pressure sores are cuased by oxygen free radicals. European Journal of Clinical Investigation 1991;21 II; 58.

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Defloor T., Herremans A., Grypdonck M. et al. Herziening Belgische richtlijnen voor Decubituspreventie. Brussel: Federaal Ministerie van Sociale Zaken, Volksgezondheid en Leefmilieu, 2004.