<Synthèse> <Fondements scientifiques
> <Recommandations> <Références>
Les peaux de mouton n'ayant
aucun effet sur la pression, ils ne contribuent nullement à la prévention.
Quand on les place sur un matériel à réduction de pression, ils en
dimininuent l'efficacité (1). Les poils s'agglomèrent et forment ainsi des
points où la pression est élevée. Des plis ont le même effet. Ils produisent
en plus un échauffement des tissus.
Les pansements anti-pression au
niveau des talons ou des coudes (le rembourrage) ne préviennent pas les
escarres, mais en favorisent l'apparition. Le "pansement anti-pression" (des
tampons d'ouate enveloppant le coude ou le talon et fixés par un bandage)
augmentent même la pression au lieu de la diminuer. On peut supposer que la
pression augmente encore plus après un certain temps, lorsque les tampons
d'ouate ont été compressés en une matière compacte (2;3). Les moyens de
protection des talons que l'on trouve dans le commerce (p.ex. peau de
mouton, mousse) n'ont que peu d'effet. Des moyens plus onéreux et plus
sophistiqués sont un peu plus efficaces, mais le placement d'un coussin sous
la partie inférieure de la jambe afin de soulever le talon (suspension du
talon) reste de loin la meilleure méthode (4;5). La même chose vaut pour les
coudes: en évitant de faire reposer les coudes sur la couche sous-jacente,
on élimine la pression et, partant, le risque d'escarres.
La friction à la glace n'est
pas recommandée (2;6;7). La vasodilatation qui intervient après une friction
à la glace est trop faible pour donner un résultat positif. L'irrigation
sanguine n'est en fin de compte pas améliorée. La friction à la glace
accroît les possibilités de macération (et d'excoriation) de la peau.
Le réchauffement local ne peut
pas davantage être considéré comme un moyen préventif efficace. La chaleur
cause une augmentation de la température au niveau du tissu menacé, ce qui,
en accroissant le besoin en oxygène du tissu, augmente le risque d'escarres
(8).
L'effet de l'éosine est
comparable à un tannage; elle donne également une couleur rouge à la peau.
Bien qu'elle soit toujours d'un usage fréquent (9), elle n'a aucun effet
préventif. Comme elle colore la peau en rouge, elle rend très difficile
l'observation d'une rougeur ne disparaissant pas à la pression. Les mesures
adéquates seront donc prises trop tard et l'escarre se développera plus
fréquemment en escarre de stade 2 .(10).
Les films de polyuréthane
(films protecteurs transparents) ont démontré leur utilité dans les soins
des plaies et les cathétérismes; ils sont sans doute utiles pour diminuer la
friction et donc pour la prévention des écorchures, brûlures, et lésions
dues à l'incontinence. Mais ces films n'ont pas leur place dans la
prévention des escarres. Elles ne diminuent pas la pression. Des faux plis
ou un rebord enroulé peuvent même augmenter celle-ci. A l'intérieur des
tissus, le cisaillement augmente également. La tension du film déforme en
effet les tissus. Lorsque l'on enlève le film, la peau déjà fragilisée peut
subir un dommage (11).
Des matériaux pour pansements
de toutes sortes (p.ex. les pansements à la glycérine, les hydrocolloïdes)
ne sont pas seulement utilisés dans le traitement des escarres, ce pour quoi
ils ont été développés, testés et approuvés, mais également, à tort, en tant
que moyens préventifs. Ils gênent souvent l'observation et donnent un faux
sentiment de sécurité, car on pense à tort que l'on fait de la prévention en
les utilisant. Ces pansements ne diminuent pas la pression, n'ont aucun
effet sur le cisaillement et n'augmentent pas l'irrigation sanguine des
tissus. De tels pansements n'ont donc aucun effet préventif.
Les peaux de mouton,
les pansements anti-pression (rembourrage), les frictions à la glace, le
réchauffement local, l'éosine, les films protecteurs et les matériaux pour
pansements ne contribuent d'aucune manière à la prévention des escarres. Ils
ne diminuent ni l'intensité ni la durée de la pression et du cisaillement.
(1) Defloor T, Grypdonck M. Anti-decubituskussens,
drukvermindering of toch niet ? Hospitalia 1997; 41(1):18-24. |
(2) Bakker H. Consensus-bijeenkomst preventie decubitus.
Utrecht: CBO, 1985. |
(3) Panel for the Prediction and Prevention of
Pressure Ulcers in Adults. Pressure ulcers in adults : prediction and
prevention. Clinical practice guideline number 3. Rockville: Agency for
Health Care Policy and Research, Public Health Service, U.S. Department
of Health and Human Services, AHCPR Publication No. 92-0047, 1992. |
(4) Pinzur MS, Schumacher D, Reddy N, Osterman
H, Havey R, Patwardin A. Preventing heel ulcers: a comparison of
prophylactic body-support systems. Arch Phys Med Rehabil 1991;
72(7):508-510. |
(5) De Meyst H. Het drukreducerend effect van
hielbeschermingsmaterialen. Niet-gepubliceerde Eindverhandeling
K.U.Leuven, 1992. |
(6) Defloor T. Ijsfrictie en föhn : mede-oorzaak van decubitus ?
Verpl Gem Zorg 1984; 40(3):135-139. |
(7) Hanraets M, Willemsteijn B. Een decennium decubitus in
Nederland, een samenvatting van ontwikkelingen, overeenkomsten en
tegenstrijdigheden. WCS nieuws 1994; 10(1):2-8. |
(8) Kokate JY, Leland KJ, Held AM, Hansen GL, Kveen GL, Johnson BA
et al. Temperature-modulated pressure ulcers: a
porcine model. Arch Phys Med Rehabil 1995; 76(7):666-673. |
(9) Buntinx E, Steylaerts C, Debaillie R, Geys L, Van Loon H.
Huidulcera in de eerstelijn. Kruispunten 1995;
1(4):7-11. |
(10) Meehan M. National pressure ulcer prevalence
survey. Adv Wound Care 1994; 7(3):27-30, 34, 36. |
(11) Defloor T. De mythe van polyurethaan folie bij
decubituspreventie. Nursing 1997;(4):21-23. |
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