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pour la prévention des escarres

 

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<Synthèse> <Définition> <Principe> <Fondements scientifiques> <Recommandations> <Références>

<Coussins à air > <Coussins en mousse> <Coussins à fibres creuses> <Coussins à eau> <Coussins en gel> <Les peaux de mouton>

Synthèse

1

Le risque d'escarres est plus élevé en position assise qu'en décubitus.

2

Il faut tenir compte de la stabilité du patient dans le choix d'un coussin anti-escarres.

 

3

Il convient de combiner les coussins à réduction de pression avec un positionnement alterné.

 

4

Des coussins à air épais sont à conseiller dans le cadre de la prévention des escarres.

 

5

Certains coussins en mousse permettent une réduction de la pression lors d'une position assise stable.

 

6

L'état actuel des recherches ne permet pas de conseiller l'achat d'un type particulier de coussin à réduction de pression.

 

7

Les coussins à fibres creuses ne peuvent être recommandés dans le cadre de la prévention des escarres.

 

8

Les coussins à eau ne peuvent être recommandés dans le cadre de la prévention des escarres.

 

9

Les coussins en gel ne peuvent être recommandés dans le cadre de la prévention des escarres.

 

10

Les peaux de mouton ne peuvent être recommandés dans le cadre de la prévention des escarres.

 

11

Les coussins en forme d'anneau ne doivent être utilisés en aucun cas.

 

En position assise, la pression est considérable au niveau de la surface de contact, c.-à-d. au niveau de la région fessière (1-5). La pression est très supérieure aux pressions mesurées dans des décubitus variés (cf. positionnement du corps). Dans le cadre de mesures préventives d'ordre général, il doit en être absolument tenu compte: le temps cumulé en position assise doit être limité pour les patients à risque.

Afin de réduire la pression en position assise, on utilise des coussins anti-escarres. De tels coussins ne réduisent la pression qu'en augmentant la surface de contact, ce qui permet de redistribuer le poids corporel sur une plus grande surface. De cette façon, la pression est réduite au niveau des points de pression à risque (tubérosités ischiatiques). La caractéristique principale d'un bon coussin anti-escarres doit être une redistribution aussi uniforme que possible sur une surface de contact étendue (plus étendue que si l'on n'utilise pas de coussin). De cette façon, les tissus au niveau des points de pression subissent une déformation moins importante (6).

1. Définition

Un coussin d’aide à la prévention d’escarres est un moyen de prévention que l'on place dans un fauteuil (roulant) ou sur une chaise, ce qui réduit la pression au niveau de la surface de contact. En fonction de la nature et de la composition du matériau utilisé, la forme et la consistance du coussin seront modifiées par la pression qu'il subit du fait du poids du patient, ce qui aura pour effet d'augmenter la surface de contact dont bénéficie le patient.

2. Principe

Diminuer l'intensité de la pression et du cisaillement.  

3. Fondements scientifiques

Les coussins à air

Les coussins à air réduisent davantage la pression que les coussins en mousse, les coussins en gel, les coussins mixtes en mousse et gel, les coussins à fibres creuses, les coussins à eau et les peaux de mouton (7-9), et ce aussi bien en position assise droite qu'en cas d'affaissement latéral ou vertical (10).

Il est à noter toutefois qu'avec des coussins à air minces, l'effet d'écrasement ('bottoming out') (cf. figure 1) se produit plus rapidement qu'avec des coussins à air épais. Le patient n'est dès lors plus soutenu par le coussin, mais il repose directement sur la surface sous-jacente. La pression d'appui maximale qui en résulte est élevée (10;11).

L’étude de Vermeir (251) a montré que des coussins à air compartimentés (coussins à air constitués de plusieurs compartiments) réduisent mieux la pression que des coussins à air non compartimentés.

L'élasticité de la housse est un facteur important. Les caractéristiques de la housse peuvent avoir une influence négative sur la redistribution de la pression car elles peuvent causer une contrainte de traction dans la surface qui subit la charge, ce qu'on appelle l'effet hamac (12).

Les coussins en forme d'anneau sont également des coussins à air, mais ils limitent la surface de contact à un anneau exigu. Ces coussins peuvent causer des dommages plutôt que de les prévenir: ils causent des oedèmes et une pression élevée le long des côtés (13). Les coussins qui réduisent la surface de contact, ce qui est le cas des coussins en forme d'anneau, augmentent la pression et donc le risque d'escarres (14;15).  

Les coussins en mousse

Les coussins en mousse ont des effets variés quant à la réduction de la pression. Certains coussins parviennent à réduire la pression, alors que d'autres n'y parviennent pas. Le groupe des coussins en mousse viscoélastique appartient à la première catégorie (7;16;17).

Chez des patients en position assise droite, la capacité à réduire la pression des coussins en mousse viscoélastique est comparable à celle des coussins à air. Quand le corps du patient s'affaisse, ces coussins possèdent toutefois une capacité à réduire la pression moins grande que les coussins à air (10).  

Les coussins à fibres creuses

Lors d'une mesure de la pression effectuée auprès de patients en fauteuil sur 4 types de coussin à fibres creuses, on n'a pas constaté de diminution de la pression pour 2 coussins et on a constaté une réduction minime pour les deux autres (7). Le temps nécessaire à l'apparition d'un écrasement ('bottoming out') n'a pas fait l'objet de mesures.

Ces résultats se retrouvent dans l'étude (4). En comparaison avec la norme (fauteuil roulant sans coussin supplémentaire), les pressions mesurées sont sensiblement inférieures.  

Les coussins à eau

Le coussin à eau réduit la pression causée par une position assise stable (3;7). Lorsque le corps s'affaisse latéralement ou verticalement, la pression générée par un coussin à eau semble élevée (10). Comme il est quasiment impossible d'adopter une position assise stable sur un coussin à eau, il est déconseillé d'utiliser des éléments à eau dans la prévention des escarres. En outre, les personnes assises sur un coussin à eau risquent une déperdition thermique. 

Les coussins en gel

Le coussin en gel est utilisé fréquemment dans la prévention des escarres. Ses capacités à réduire la pression semblent toutefois insuffisantes, voire absentes (3;7;18). Defloor et Grypdonk (7) ont même constaté que certains coussins en gel causent une augmentation de la pression.

Les peaux de mouton

Bien que l'utilisation de peaux de mouton soit consacrée par l'usage, aucune étude ne permet de justifier cette pratique. Le pouvoir attribué à la peau de mouton tant naturelle que synthétique de réduire la pression est inexistant  (7;19).

4. Recommandations  

Le risque d'escarres est plus élevé en position assise qu'en décubitus.

En position assise, on mesure des pressions très élevées au niveau des tubérosités ischiatiques. Lorsqu'on fait adopter une position assise à des patients, cela doit se faire dans la position la plus adaptée (cf. positions assises) et en utilisant un coussin à réduction de pression (10;20;21).

Laisser un patient assis pour prévenir les escarres ne constitue pas une mesure efficace. Cela ne signifie toutefois pas que les patients à risque doivent rester le plus possible alités et qu’ils ne peuvent pas rester assis, mais bien que lorsqu’un patient à risque est assis, il y a lieu de prendre des mesures supplémentaires.

Il faut tenir compte de la stabilité du patient dans le choix d'un coussin anti-escarres.

La pression mesurée au niveau des tubérosités ischiatiques est beaucoup plus élevée lors d'un affaissement latéral ou vertical qu'en position assise droite. Lorsque la position assise est stable, on obtient les pressions les moins élevées avec des coussins à air et des coussins en mousse viscoélastique. Dans une position affaissée, les coussins à air épais permettent une plus grande réduction de la pression que les autres types de coussin (10). Chez les patients pour lesquels il est impossible d'éviter un affaissement de la position (à l'aide de coussins et/ou en inclinant le dossier en arrière), on utilisera de préférence un coussin à air épais.

Il convient de combiner les coussins à réduction de pression avec un positionnement alterné.

Un coussin d’aide à la prévention d’escarres ne permet pas d'obtenir une réduction de la pression suffisante pour prévenir les escarres (15;22). Il doit être combiné avec un positionnement alterné, étant entendu que le changement de position devra se faire moins fréquemment qu'en l'absence de coussin à réduction de pression (cf. positionnement alterné).

Des coussins à air épais sont à conseiller dans le cadre de la prévention des escarres.

Les coussins à air seront préférés, en raison de leur capacité à réduire considérablement la pression tant en position assise droite qu'en position affaissée. Si le coussin à air est insuffisamment gonflé, un écrasement ('bottoming out') peut se produire à la suite duquel le patient reposera directement sur la surface sous-jacente (rigide), ce qui a pour effet d'augmenter la pression

Certains coussins en mousse permettent une réduction de la pression lors d'une position assise stable.

Les coussins en mousse viscoélastique et certains coussins en mousse ordinaire permettent une réduction substantielle de la pression. Tous les coussins en mousse n'ont pas cet effet.

L'utilisation d'un coussin en mousse nécessite une position assise stable. Il convient de vérifier régulièrement cette position et de la corriger au besoin. Les affaissements latéraux et verticaux doivent être évités en utilisant des coussins, ou en inclinant vers l'arrière le dossier du fauteuil. Les jambes doivent alors reposer sur une banquette, les talons restant libres de toute pression (cf. positions assises).

L'état actuel des recherches ne permet pas de conseiller l'achat d'un type particulier de coussin à réduction de pression.

De même que pour les matelas statiques, l'insuffisance de la recherche ne permet pas de conseiller l'achat d'un coussin statique particulier. Pour l'achat de coussins, la capacité à réduire la pression est également un critère décisif, mais il ne faut pas perdre de vue que cette capacité ne suffit pas à elle seule à prévenir les escarres. Comme la surface ne peut être augmentée que dans une faible mesure, d'autres critères doivent être pris en considération. Pour les patients en fauteuil roulant, il est recommandé de choisir les coussins au cas par cas (2;23;24). Il semble pertinent de mesurer la pression auprès de chaque patient afin de choisir le coussin le plus adapté à son cas.

Les points suivants bénéficieront également d'une attention particulière lors de l'achat de coussins à réduction de pression:

  • Un coussin statique doit assurer la stabilité du patient. Un affaissement cause une augmentation de la pression et élimine de cette façon la capacité du coussin à réduire la pression (cf. positionnements). Des coussins adaptés individuellement auront donc la préférence (16). Un coussin statique doit prévenir le cisaillement. En principe, le coussin doit accompagner les mouvements du patient lorsque celui-ci change de position (25;26).

  • Un coussin statique doit être confortable pour le patient et d'un maniement aisé pour le prestataire de soins (27).

  • Il faut éviter un effet d'écrasement ('bottoming out'), y compris chez les patients obèses: lorsqu'une vérification manuelle (cf. figure 8) permet de sentir la surface corporelle du patient, l'efficacité du matériau utilisé peut être remis en question (26;27).

En plus de ces caractéristiques élémentaires, il convient de tenir compte d'un certain nombre de critères complémentaires: le rapport qualité/prix, la durabilité, le caractère ignifuge, la régulation de l'humidité et de la température, l'hygiène et l'entretien (25;28).

Les coussins à fibres creuses ne peuvent être recommandés dans le cadre de la prévention des escarres.

La réduction de la pression obtenue avec des coussins à fibres creuses est inexistante ou trop faible pour être efficace dans la prévention des escarres.

Les coussins à eau ne peuvent être recommandées dans le cadre de la prévention des escarres.

Bien que la pression générée par les coussins à eau soit peu élevée, le patient ne peut s'asseoir dessus sans s'affaisser, ce qui les rend inconfortables et générateurs de fortes pressions. Par ailleurs, les variations de température du coussin à eau ont une incidence sur le confort du patient. Pour le prestataire de soins, le coussin à eau est lourd et encombrant.

 

Les coussins en gel ne peuvent être recommandés dans le cadre de la prévention des escarres.

On évitera d'utiliser des coussins en gel car leur capacité à réduire la pression est insuffisante ou inexistante.

Les peaux de mouton ne peuvent être recommandés dans le cadre de la prévention des escarres.

Les peaux de mouton ne réduisent pas la pression. A la suite de lavages successifs, elles perdent de leur souplesse et deviennent rugueuses. Les poils peuvent s'emmêler et former des noeuds qui sont autant de points où la pression est élevée. Des plis se forment souvent, ce qui augmente la pression. Une peau de mouton posée sur un coussin ou matelas à réduction de pression diminue leur capacité à réduire la pression et augmente le risque d'escarres. Selon Maklebust e.a. (27), une peau de mouton peut même occasionner un échauffement et augmenter localement la transpiration. On évitera donc de préférence les peaux de mouton.

Les coussins en forme d'anneau ne doivent être utilisés en aucun cas.

Les coussins en forme d'anneau ne permettent pas de réduire la pression; au contraire, ils l'augmentent. Au lieu de prévenir les escarres, ils peuvent donc en causer. Il convient d’éviter l’usage de coussins en forme d’anneau.

Références

(1)       Sprigle S, Chung KC, Brubaker CE. Reduction of sitting pressures with custom contoured cushions. J Rehabil Res Dev 1990; 27:135-140.

(2)       Garber SL, Krouskop TA, Carter RE. A system for clinically evaluating wheelchair pressure-relief cushions. Am J Occup Ther 1978; 32(9):565-570.

(3)       Souther S, Carr SD, Vistnes LM. Wheelchair cushions to reduce pressure under bony prominences. Arch Phys Med Rehabil 1974; 55(10):460-464.

(4)       Vandewalle E. Het drukreducerend effect van rolstoelkussens. Niet-gepubliceerde Eindverhandeling K.U.Leuven, 1994.

(5)       Bale S, Price P, Rees MS, Harding KG. Pressure area care. Recognizing the feet as being at risk for pressure damage. Br J Nurs 2001; 10:1320, 1322, 1324-1320, 1322, 1326.

(6)       Kahmann LRM. Stand van zaken. Ligondersteuning. 2 ed. Amsterdam: Gemeenschappelijke Medische Dienst, 1991.

(7)       Defloor T, Grypdonck M. Anti-decubituskussens, drukvermindering of toch niet ? Hospitalia 1997; 41(1):18-24.

(8)       Shechtman O, Hanson CS, Garrett D, Dunn P. Comparing wheelchair cushions for effectiveness of pressure relief: a pilot study. Occup Ther J Res 2001; 21:29-48.

(9)       Yuen HK, Garrett D. Comparison of three wheelchair cushions for effectiveness of pressure relief. Am J Occup Ther 2001; 55(4):470-475.

(10)     Defloor T, Grypdonck M. Het belang van zithouding en drukreducerende kussens in het ontstaan van drukletsels. Verpleegkunde 1998; 13(3):185-194.

(11)     Krouskop TA, Williams R, Noble P, Brown J. Inflation pressure effect on performance of air-filled wheelchair cushions. Arch Phys Med Rehabil 1986; 67:126-128.

(12)     Staarink HAM. Sitting posture, comfort and pressure; assessing the quality of wheelchair cushions. Delft: Technische Universiteit Delft, 1995.

(13)     Crewe RA. Problems of rubber ring nursing cushions and a clinical survey of alternative cushions for ill patients. Care Sci Pract 1987; 5:9-11.

(14)     Bakker H. Herziening consensus decubitus. 1 ed. Utrecht: CBO, 1992.

(15)     Panel for the Prediction and Prevention of Pressure Ulcers in Adults. Pressure ulcers in adults : prediction and prevention. Clinical practice guideline number 3. Rockville: Agency for Health Care Policy and Research, Public Health Service, U.S. Department of Health and Human Services, AHCPR Publication No. 92-0047, 1992.

(16)     Rosenthal MJ, Felton RM, Hileman DL, Lee M, Friedman M, Navach JH. A wheelchair cushion designed to redistribute sites of sitting pressure. Arch Phys Med Rehabil 1996; 77(3):278-282.

(17)     Apatsidis DP, Solomonidis SE, Michael SM. Pressure distribution at the seating interface of custom-molded wheelchair seats: effect of various materials. Arch Phys Med Rehabil 2002; 83(8):1151-1156.

(18)     Bar CA. Evaluation of cushions using dynamic pressure measurement. Prosthet Orthot Int 1991; 15:232-240.

(19)     Defloor T, Grypdonck MH. Do pressure relief cushions really relieve pressure? West J Nurs Res 2000; 22(3):335-350.

(20)     Alexander NB, Koester DJ, Grunawalt JA. Chair design affects how older adults rise from a chair. J Am Geriatr Soc 1996; 44(4):356-362.

(21)     Weishaupt WA. Improvement of seating comfort due to a new wheelchair seating system. Int J Rehabil Res 1987; 10:90-99.

(22)     Defloor T. Drukreductie en wisselhouding in de preventie van decubitus. Universiteit Gent, 2000.

(23)     Garber SL, Dyerly LR. Wheelchair cushions for persons with spinal cord injury: an update. Am J Occup Ther 1991; 45:550-554.

(24)     Garber SL, Krouskop TA. Body build and its relationship to pressure distribution in the seated wheelchair patient. Arch Phys Med Rehabil 1982; 63:17-20.

(25)     Staarink HAM, e.a. Basisboek voorzieningen verplaatsen. Kennisboek rolstoelkussens. Amsterdam: Gemeenschappelijke Medische Dienst, 1993.

(26)     Jay R. Pressure and shear : their effects on support surface choice. Ostomy Wound Manage 1995; 41(8):36-44.

(27)     Maklebust J, Sieggreen M. Pressure ulcers. Guidelines for prevention and nursing management. 2 ed. West Dundee,IL: S-N Publications, 1996.

(28)     Staarink HAM, e.a. Voorstellen voor beoordelingscriteria voor rolstoelkussens. Amsterdam: Gemeenschappelijke Medische Dienst, 1993.

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Defloor T., Herremans A., Grypdonck M. et al. Herziening Belgische richtlijnen voor Decubituspreventie. Brussel: Federaal Ministerie van Sociale Zaken, Volksgezondheid en Leefmilieu, 2004.